La Part de l'Ange

La Part de l'ange.
« N'oubliez jamais que les poupées ne sont pas des choses mortes.
Elles passent d'une vie à l'autre,
d'un temps à l'autre,
d'un mystère à l'autre.
L'ombre qu'elles projettent vient du dedans.
C'est une projection du terrible.

Aucune poupée n'est innocente, on devine la violence emprisonnée dans la camisole de porcelaine, les cris muets percutant les parois de leur bouche fermée, les simulacres de rires, de pleurs, la terrifiante fixité des traits.

Qui peut prétendre que ces êtres n'entassent pas les vies de ceux qui les possèdent dans leur abyssale mémoire?
Reliquaires de vies d'hommes.

Qui peut dire avec certitude que les poupées ne sont que des objets sans autre existence que celle que les hommes leur prêtent et leur reprennent?
Comment ne pas croire qu'elle sont cette part de nous mêmes qui ne consent ni à vieillir ni à mourir? Cette part fossilisée de nous mêmes.
La part de l'ange».